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Questions à Karim Sall : pêcheur syndicaliste au Sénégal

International vendredi 21 mars 2025

Pourquoi défendre ce film en France ?
Karim Sall. J’observe impuissant depuis 50 ans les pêcheurs européens, russes ou chinois piller nos ressources. Je vois massacrer 90 % du poisson qu’ils rejettent par tonnes pour ne conserver que le poisson noble. Quand le réalisateur Nicolas Van Ingen m’a contacté pour son projet de film sur la pêche artisanale et industrielle, l’implantation des usines de farine de poisson et l’exil des jeunes que cela engendre, j’ai saisi l’occasion. Nous avons travaillé ensemble sur le format, les témoignages, les images. Je lui ai ouvert des portes pour dénoncer ces pratiques et informer l’opinion publique sénégalaise de la menace qui pèse sur la sécurité alimentaire du pays et pousser les décideurs à agir. C’est une question vitale mais le film n’a pas été diffusé au Sénégal.

Que peuvent faire les Français ?
Karim Sall. Les consommateurs sont très importants. Si on n’achète plus le saumon nourri à la farine de poisson de l’Afrique, on aura coupé le mal à la racine.
Je m’attendais à voir les gens sur la défensive. C’est tout le contraire que j’ai vu. Alors que nous dénonçons la politique européenne dans le film, ces mêmes Européens ont financé le film, m’invitent pour en parler et montrent beaucoup d’intérêt.

Quel impact attendez-vous ?
Karim Sall. Il a fallu que je vienne en France et que le bruit court sur les projections débats organisées pour que mon pays me réclame le film.
C’était le but recherché. Si la télévision le diffusait, les choses pourraient commencer à changer.

Karim Sall, pêcheur et syndicaliste au Sénégal.

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